Archives médicales
Tout était tel que je l'avais laissé. Je refermai la porte de la salle d'archives derrière moi, et tappai le code qui enclenchait le système de sécurité. Ensuite, je m'affaissai dans le fauteuil à roulettes de mon bureau.
Je me demandais pour combien de temps j'en avais ici. Un, deux, trois ans? Plus? Tout cela dépendait de mes recherches, et de mes trouvailles.
Je me rendais compte que s'occuper de jeunes enfermés depuis leur prime jeunesse n'était pas de tout repos. *
Je préfère les scolaires, et, à choisir, je préfère encore la table opératoire* Au moins, là bas, on venait de son plein gré ; ou, tout du moins, on sentait la nécessité de venir.
Ici, d'ailleurs, ça me semblait peu nécessaire. Tout ce baratin, ces visites... Des fiches pareilles, ils en ont des centaines, commencez par chercher dans les bases précédentes! Mais bon... *
C'est probablement un test, ou leur version très personnelle d'un accueil chaleureux.*
Déjà deux... *
Comment je suis censé les appeler? Elèves? Cobayes? Internés? Prisonniers?* Déjà deux, et j'étais fatigué à la perspective d'en voir des dizaines, que dis-je, des centaines défiler sous mes yeux. La même routine, sans arrêt, jusqu'à me laisser espérer que l'un deux fasse un infarctus, histoire que je puisse faire quelque chose de neuf.
Je me rendis compte que j'avais commencé à faire pivoter sans cesse ma chaise, et m'arrêtai pour imprimer encore quelques exemplaires vierges de fiches. *
Au moins, j'aurai plus à repasser ici...*
Je regrettais la fenêtre qui se trouvait dans ma chambre précédente, dans un building dans une grande métropole. *
Enfin, au moins, on n'entend pas les voitures passer ici... ni les coups de klaxon en pleine nuit*
L'imprimante avait craché cinq papiers, je les pliai, les rangeai dans ma poche de pantalon, puis bippai le troisième enfant sur ma liste. *
Du moins, j'espère que ce coup-ci, ce ne sera pas une ado en pleine crise...*
Une fois ma convocation envoyée, je laissai mon dos s'enfoncer dans mon dossier, et attendis. J'avais encore quelques minutes de repos et de silence devant moi. Après, je reprenais le travail.
Ah, le voilà, j'avais entendu la porte de la salle d'attente claquer, et j'avais également entendu des bruits de pas dans le couloir. Je verrouillai soigneusement la porte, et partis à la rencontre de ce nouveau patient.
Salle d'attente