Enfin seul...

Il était tard, la salle de débarquement semblait déserte, plongée dans la pénombre. Seules quelques veilleuses dispensaient une lumière diaphane propre à tous les centres BB. Le sempiternel hublot faisait toujours son office : il rappelait sans cesse l'existence de l'extérieur, l'existence du domaine interdit.

Jusom portait un sac sur son épaule, il était encore tout groggy par le bourdonnement envoûtant distillé par les propulseurs de la navette. Combien de temps avait duré le voyage ? Il n'en savait fichtrement rien ! Il ne portait pas de montre... à quoi bon ici ?

Son départ de BBC-005 avait été pesant. Il aurait souhaité partir en toute discrétion. Et, bien évidemment, cela avait été tout le contraire. C'est tout juste si l'on n'avait pas convoqué une fanfare pour lui souhaiter un au revoir digne du départ du Titanic ! Lui qui voulait tellement être tranquille avait dû subir les piaulements de toutes ces midinettes en chaleur et de ces mecs ravis de voir le 'très cher' Jusom enfin sur le départ. Il savait qu'il était injuste, toute la cellule avait voulu le soutenir, mais... son éducation lui avait tout de même permis de prendre son mal en patience. Il s'était fendu d'un sourire forcé, avait fait un petit geste de la main avant de s'engouffrer dans l'obscurité réconfortante de la navette.

Il remarqua l'horloge à affichage digital au dessus de l'unique porte du débarcadère : 21:30.

*Bah, au moins, ici, pas d'accueil pompeux, c'est déjà çà de gagné* pensa-t-il

C'en était fait, il venait de quitter BBC-005, il venait de quitter un endroit qui lui avait été si cher, un endroit où il avait aimé et où il avait été aimé... mais un endroit qu'il haïssait maintenant plus que tout au monde. Il venait de quitter le tombeau de sa douce Naya. Il venait de tirer un trait définitif sur son enfance.

Discrètement, il se dirigea près du hublot et improvisa un pouf avec son sac. Tout en s'installant, il remarqua l'oeil inquisiteur de la caméra de surveillance. Il sortit une photographie de sa poche pectorale. Le regard vague il resta prostré un moment et ne remarqua même pas la présence des deux sihouettes silencieuses qui l'observaient. Il finit par s'assoupir sur son siège de fortune. Après un moment, il rangea précautionneusement la photo et ferma enfin les yeux... Le scintillement d'une unique larme au coin de son oeil fit écho à l'image renvoyée à travers le hublot par les feux de positions de la navette qui s'éloignait...

Jessica était resté assise près de Riza sans rien dire, leur discussion avait été brève... Riza ne semblait pas vouloir discuter d'avantage, et elle ne semblait pas non plus capable de répondre aux questions de Jess.

Un jeune homme entra dans la salle silencieuse, et ne les remarqua pas. Elle le regarda s'installer sur son sac dans un coin de la salle, sans dire un mot. Le silence pesa sur Jessica et éveilla sa curiosité, bien qu'elle commençait à être un peu fatigué.

Elle se leva doucement et s'approcha du garçon qui semblait dormir. Elle resta un peu à l'écart, il semblait triste. Pourquoi ? elle ne le savait pas. Intimidé elle le regardait de loin, sans dire quoi que ce soit.

Chambres du personnel

Je marchai d'un pas pressé, affichant une mine agacée tout le long jusqu'à la salle, réajustant mon col froissé de temps à autres d'un geste nerveux. J'étais fatigué, énervé, et je devais me taper des mômes. Chouette, pensons à remercier ma supérieure en bonne et due forme dès que possible. En même temps, ça m'apprenait à prendre du bon temps en me payant de sa tête entre deux gorgées d'alcool. Soit.

Ah, je détestais comme mes pas résonnaient dans cette grande salle vide. C’en était déprimant. Comme si la vie n’apportait pas suffisamment son lot de solitude, il a fallut que l’univers invente l’écho pour nous faire nous sentir encore plus misérables. Enfin, non, y’avait les bases sous-marines claustrophobes sans le moindre rayon de jour, aussi, qui avaient l’art de vous déprimer. Ah, l’homme est réellement un abruti.

Je poussai la porte et jetai un regard circulaire rapide. Deux filles, un garçon. Tous pas plus de 16 ans, à première vue. Y’avait même une toute petite gamine aux yeux bruns. La poisse.

« Trois ?! Rha, merci, merci beaucoup ! » étouffais-je malgré moi entre mes dents serrées. Jetant un regard furieux à la porte derrière moi en espérant à moitié y voir Pomme, j’inspirai discrètement une bouffée d’air et reportai mon regard sur les trois créatures à l’air hagard que je me devais de conduire à peu près n’importe où, si pas trop loin des dortoirs, selon la dirlo.

Reprenant mon air las qui me semblait plus de circonstance —niveau accueil, c’était certain, je n’étais pas des plus brillants—, je me présentai en vitesse, les mains en poche, me tenant à distance.

« Bonsoir, je suis le Dr. Kingsley. La directrice est, uhm, indisposée à vous recevoir présentement, alors je vais vous conduire à vos dortoirs où vous pourrez vous installer ».

Je voyais que le garçon, dans le fond, dormait couché sur ses affaires. Je sondai les deux filles du regard, puis continuai, mal à l’aise :

« Suivez-moi » dis-je en me tournant, « ou suivez les flèches. », avais-je rajouté à l’adresse du garçon. « Vous pourrez choisir le dortoir qui vous plaît —pour peu que vos colocataires veuillent bien de vous— et on fera les présentations demain. De toute façon, on est à une demi heure au-delà du couvre-feu. Dépêchez-vous ».

Sur-ce, sans attendre un quelconque signe d’entendement, j’entrepris d’empoigner la porte qui menait vers les dortoirs.

Jessica observait toujours le jeune homme qui semblait dormir lorsqu'un autre homme entra.
*C'est qui lui ?*

Elle jeta un coup d'oeil à Riza, avant de reporter son attention sur l'arrivant.
Le Docteur Kingsley ? La fatigue lui fit tenir sa langue et elle décida de rester tranquille, pensant qu'ils auraient le temps de voir le ledemain les questions qu'ils avaient.

Voyant qu'il commençait à partir sans les attendre Jessica le suivit rapidement. Elle était venu une fois ici, et elle ne se souvenait plus vraiment du lieu, et n'avait aucune idée d'ou pouvait bien se trouver les dortoires.
Elle regarda derrière elle afin de voir si Riza suivait.

On a beau être jeune, certaines positions deviennent vite inconfortables au bout d'un moment et si l'on ajoute à cela le bruit d'une porte qui s'ouvre... Cette conjonction tira Jusom de son sommeil naissant. Il émergea lentement...

* Décidément, çà commence bien * pensa-t-il

Andrew venait de faire son entrée. L'air de rien, Jusom resta immobile sur sa couchette improvisée. Aux propos du jeune docteur, il comprit qu'il n'était plus (pas ) seul a être arrivé cette nuit. Que pouvait bien signifier cet arrivage massif de Jumeaux ?

* La dirlo est aux paquerettes et Le doc semble être un morveux de quoi ? 20-22 ans ? En plus, il est aussi aimable qu'une porte de prison ! Çà continue... *

Il entendit le bruit de pas qui s'éloignaient, bientôt suivi par d'autres...

* Mouais, je vais les suivre tes flèches à la c.. *

Tout en maugréant intérieurement, il se releva péniblement et s'empara nonchalamment de son sac. Il s'engouffra par la porte pour atteindre la salle centrale.

Salle centrale

Un regard fugace jeté par-dessus mon épaule me garantissait qu'ils avaient tous bien compris ce que je leur disais, c'était déjà pas mal. j'entendais des petits pas légers me suivre. Je m'avançai vers la salle centrale, imaginant que le mec trouverait bien sa voie tout seul.

Salle centrale