Exploration

Matrim avait décidé de partir à la découverte de son nouvel habitat, à peine ses affaires déposées dans son dortoir. Il était repassé par la salle centrale en essayant de ne pas se faire remarquer et avait ouvert une porte au hasard sans regarder les plaques mentionnant le nom des salles se trouvant derrière.

Il se tenait à présent dans une salle remplie d'instruments plus ou moins médicaux. Il poussa un soupir.

*De toutes les salles il fallait que je tombe sur celle-là... Je ferais mieux de sortir avant qu'on ne me remarque...*

Se faisant tout petit, il commença à glisser vers la porte par laquelle il était rentré, priant intérieurement pour que personne ne le remarque.

Salle d'attente
Je me dirigeai vers le salle d'analyses, accompagné de mon patient, "Sybérion". *Quel nom bizarre... Enfin, ça commence à devenir une habitude*
L'habituelle odeur de désinfectant devenait plus forte, ce qui signifiait qu'on s'en approchait sensiblement. Je ne sortis pas ma clé de ma poche. Je savais que j'avais volontairement laissé la porte telle qu'elle l'était, jugeant inutile de la verrouiller pour un si petit laps de temps.

Finalement, il aurait mieux valu la fermer. En effet, une fois la porte en vue, je constatai que celle-ci était ouverte. Grande ouverte. Et à l'intérieur de la salle d'analyses, se trouvait un jeune garçon, avec un grand bandeau qui lui entourait le front.
Il semblait essayer de sortir discrètement, le regard rivé sur l'intérieur de la salle. Lorsqu'il se retourna, il devait paraître à peu près aussi surpris que moi ; si pas plus.

"Qu'est-ce que tu fais ici?" m'exclamai-je, ne m'attendant pas réellement à une réponse satisfaisante.

Je m'étais figé sur place lorsque je l'avais vu, mais une fois la surprise passée, je m'avançai vers lui, bouillonnant de colère. *Ah, alors c'est comme ça... Bon, puisque vous vous obstinez à être absolument indignes de confiance, je fermerai, à l'avenir.*
J'étais mécontent, et en voulais au gamin qui avait sans doute du fouiner sans vergogne dans mes affaires. Puis, je me rendis compte qu'en réalité, je m'en voulais plus à moi-même qu'à lui. Et, qu'au fond, il n'y avait rien à moi dans ce labo. Enfin, je réalisai que je ne lui en voulais pas du tout ; ma colère n'avait été que passagère. J'arrêtai de m'avancer.

"Attends avant d'entrer" dis-je à Sybérion, qui lorgnait par-dessus mon épaule en essayant de voir ce qu'il y avait à l'intérieur de la salle. De son côté, le petit garçon aux cheveux sombres s'était figé, et semblait légèrement effrayé.

"Et quant à toi, tu ferais mieux de me délivrer de bonnes excuses." ajoutai-je à l'adresse de l'intrus.

Je me demandais si cela valait réellement la peine de le livrer au surveillant. Et je me demandais aussi dans combien de temps cette journée se finirait enfin.

Les craintes de Matrim se justifièrent quand un adulte entra dans la pièce. Il tenta de se dissimuler derrière un meuble mais il était trop tard, l'homme l'avait déjà vu. L'homme avança vers le jeune garçon, de toute évidence très en colère et Matrim fit un pas involontaire en arrière. Lorsqu'il s'arrêta et sembla se calmer, Matrim regagna un peu de courage. Son cerveau fonctionnait à toute allure, cherchant quelque excuse plausible à présenter. Finalement il se décida à dire la vérité, en partie du moins.

"Heu... je viens d'arriver et... eh bien la directrice a dit qu'on avait quartier libre alors... je me suis dit.. que j'allais chercher la bibliothèque mais... je me suis perdu..."

Il avait pris une petite voix hésitante, ça marchait souvent au début. Le tout serait de ne plus se faire prendre par celui-là... Il savait qu'il allait passer pour un idiot, il était très difficile de se perdre dans cette capsule avec tous les panneaux indiquant les salles, mais cela valait mieux que de se faire remarquer dès le premier jour en se faisant punir.

Perdu? Ouais, c'est ça. C'est une impossibilité physique, avec tous les panneaux qui pendent au plafonds et qui tapissent les murs. L'espace d'un instant, je me suis demandé si je n'aurais pas mieux fait de le convoquer en premier... Histoire de vérifier sa vue visiblement défaillante.

"Il y a des flèches partout, je vois pas comment t'as fait." répliquai-je en levant les yeux au ciel.
*Enfin bon, je vais pas m'amuser à gâcher son soi-disant temps libre... À la directrice de s'en occuper si elle le juge bon, après tout, je ne suis pas surveillant*
J'avais mieux à faire que de m'occuper d'affaires aussi ridicules.

Je jetai un coup d'oeil à ma montre. Il était 19h. *Déjà? Euh, plutôt "Enfin!"*
Cette journée avait été trop longue à mon goût. Je détestais les visites médicales.

"Bon, qui que tu sois, il est 19h, alors retournes au réfectoire, et ne repasses plus par ici sauf si convoqué." Je me tournai vers mon ex-patient. "Ta visite médicale est reportée, je dois terminer les fiches des précédentes"

Le beau mensonge. Mais c'est vrai que je devais encore faire des analyses de sang.

"Je t'appellerai. Bonne soirée, bon appétit"

Je m'enfermai ensuite dans la salle d'analyses pour y distiller les échantillons d'hémoglobine des deux filles, et, surtout, pour retrouver un peu de calme.

Matrim hocha vigoureusement de la tête aux injonctions du médecin et sortit de la salle. Une fois dans le couloir, il soupira de soulagement.

"Bon, il me reste une demie-heure de temps libre. Qu'est ce que je pourrais bien faire?"

Il s'éloigna d'un pas lent, sans but.

[-> Salle vide]

[Ah, depuis le temps que j'ai plus posté RP >__<]

Cela faisait une vingtaine de minutes que je m'abandonnais à ce rituel chimique rébarbatif : prenons l'échantillon, trempons-y ceci, puis cela, et voyons, qu'est-ce que ça donne si je le laisse goutter sur ce machin-là, notons tout ça, et maintenant j'en ai marre, allez, taggons la feuille, de toute façon personne la lit...
L'atmosphère ambiante lourde en odeurs synthétiques ralentissait mes mouvements et m'endormait un peu. Non pas que je n'en avais pas l'habitude, non, mais ça manquait d'air frais et de lumière naturelle, par ici. *On se serait cru de retour au labo du collège...*
Je continuai à gribouiller entre deux lignes d'équations étranges écrites dans un langage incompréhensible du grand public, en grande part à cause de l'écriture, sans doute. Je traçai n'importe quoi: des lignes qui s'entrecroisent, des spirales, des boucles, des drôles de bonshommes bâtonnets,...
Il me fallut encore cinq bonnes minutes avant de réaliser que ça m'ennuyait à en crever, et que j'avais fini une grande partie des analyses de sang. *Nan, en fait, j'ai carrément terminé*
Je remis tout en place et me débarassai de cette blouse blanche agaçante, avec ses manches qui se pliaient et se repliaient sur mes coudes... Je regardai ma montre: 19.20, bientôt temps de manger. Je n'avais pas très faim, mais bon.
Je quittai donc l'air étouffant de la salle d'analyses pour me diriger vers le réfectoire.

Salle centrale